Paul travaille dans le service informatique d’une grande entreprise. Il aime son job car il doit constamment résoudre des problèmes. Il faut dire, que ses collègues ont beaucoup de mal avec le nouveau matériel, le réseau et le logiciel interne. Il y a eu beaucoup de changements en même temps et cela a perturbé leur organisation et à nécessité du temps de formation.

Paul a une véritable capacité à capter l’information, la comprendre et l’analyser pour trouver une solution. Ses compétences et son dynamisme sont reconnus par ses responsables. Ils lui confient de plus en plus de mission et Paul est heureux.

Par contre petit à petit, un décalage se crée avec ses collègues du même service. Ils ne fonctionnent pas comme lui car ils préfèrent rester sur le problème plus longtemps de peur de se tromper et surtout la solution ne leur saute pas aux yeux tout de suite comme Paul. Ils tournent le pour et le contre dans tous les sens pour évaluer toutes les hypothèses. Et quand ils prennent une décision, un autre problème est déjà apparu et ils bloquent à nouveau.

Seule Sophie semble fonctionner comme Paul. Elle reste très discrète mais semble cacher son jeu, son potentiel.

Il faut dire qu’au niveau extra-professionnel, elle a connu des situations très perturbantes émotionnellement. Surtout pour elle qui a une sensibilité à fleur de peau !! Si elle est aussi discrète dans son job, c’est qu’elle a subi des clashs avec d’autres bénévoles dans des associations qu’elle aidait.

En effet, comme Paul, elle avance vite, elle analyse très rapidement la situation et comme elle a une pensée orientée solution, elle agit mais parfois trop vite pour les autres qui se sentent largués et dépossédés de leur « pouvoir ».

Paul et Sophie passent pour des électrons libres qui agissent sans réfléchir. Or, ce que les autres ne perçoivent pas c’est que l’analyse, le questionnement sont déjà faits, sans passer par la case problème pendant 10 ans ! Les idées fusent en fonction des situations. Certes l’analyse pourrait être encore plus poussée mais avec le risque de perdre du temps et d’être en décalage avec le besoin.

Souvent des réponses simples sont suffisantes et très efficaces, sachant que le sujet peut être retravaillé ensuite mais au moins on est dans une dynamique d’action.

En vérité ce sont des « ouvreurs de voies » qui font peur. Et comme en plus, ce sont des « couteaux suisses », donc polyvalents, ils associent plein de domaines différents. Et là encore, ils passent pour des amateurs et non des spécialistes et certains ne leur font pas confiance.

Aujourd’hui, Paul et Sophie participent à une Xième réunion au sujet du logiciel VCOM qui ne correspond pas complètement aux besoins annoncés. Depuis 1 mois, Paul est sur le sujet, il a vite compris que le problème vient de la définition des besoins et il a alerté le service communication pour les aider à redéfinir ces besoins. Mais comme ce n’est pas son rôle et que ses collègues estiment savoir mieux que lui, ils l’ont remis à sa place.

Mais là, lors de cette réunion, il ne tient plus, il se permet d’intervenir devant tout le monde pour exposer son analyse et ses solutions.

Là où il a été malin, c’est qu’il a impliqué Sophie. En effet, depuis qu’il a découvert qu’elle fonctionnait comme lui, il lui a expliqué sa situation et son malaise. Car il faut avouer que ce n’est vraiment pas agréable de se faire critiquer lorsque c’est injuste !

Comme elle connait la même situation ailleurs, elle a vite accepté de l’aider. Sophie reste discrète, donc elle est plus écoutée.

Elle a d’abord expliqué à Paul les différentes personnalités, en prenant comme exemple ses collègues et comment adapter sa communication, tout en lâchant prise sur les émotions négatives.

Premièrement, elle lui conseille de passer tous ses commentaires dans des filtres pour ne pas blesser, causer de tort aux autres et se respecter.

Deuxièmement, elle lui propose d’apporter des arguments chiffrés pour les « Analytiques », du concret issu d’expérimentation pour les « Réalisateurs », de l’humain pour les « Intégrateurs » et utiliser son propre langage pour les « Explorateurs » comme lui, qui sont dans la créativité et l’innovation.

Et troisièmement, elle accepte d’intervenir sur sa demande pour reformuler, donner son avis et répondre aux questions pour rassurer les collègues.

L’objectif est que chacun se sente concerné, écouté et adhère aux arguments de Paul sans contraintes. Ainsi les problèmes s’évanouiront.

Sur ce coup-là, Paul a compris qu’il était important de s’appuyer sur une alliée, de se mettre en recul pour faire accepter ses solutions.

Comme elle n’était pas directement impliquée, Sophie a su être une ressource très utile pour Paul en prenant la situation avec le recul nécessaire. Cette expérience va l’aider pour ses problèmes relationnels avec les autres bénévoles de son association.

Oui, Paul et Sophie peuvent déplacer des montagnes car tout leur parait possible, mais ils doivent composer avec le groupe, apprendre à lâcher prise, ne pas se sentir directement attaqués et accepter la différence d’interprétation des autres qui interagissent en fonction de leur personnalité et de leur vécu. Les autres ne sont pas moins intelligents simplement ils réfléchissent autrement car il existe différents types d’intelligence.

Ce qui a été bénéfique aussi, c’est qu’ils ont décidé de former un groupe, en dehors du cadre professionnel, pour avancer sur des projets avec des personnes comme eux.

Ils s’éclatent et valorisent leurs talents pleinement. Et maintenant, ils sont mieux acceptés et reconnus au travail et ils ont plus d’autonomie.